Petite, je me souviens avoir eu très peur de me noyer alors que je jouai dans les rouleaux sur la plage des Pins de Cordouan.
Le poids des vagues sur mon corps de fillette m’enfonçait sous l’eau. Entre chaque vague je cherchai à me relever, luttant désespérément. Alors que j’étais à bout de forces et en panique, c’est un ami qui m’a sortie la tête de l’eau.
J’ignorai qu’il fallait se laisser porter par la vague pour regagner la plage.
Ce soir, j’écris à nouveau après plusieurs jours de silence. Je suis dans la vague depuis mardi et je sais que je mettrai plusieurs jours à regagner la plage. J’essaie de ne pas céder à la panique.
Les petites voix de mère parfaite, de fille parfaite, de cousine parfaite, de nièce parfaite, de voisine parfaite, d’amoureuse parfaite disent : prépare une belle fête d’anniversaire à ta fille samedi, prépare ta maison à recevoir ta famille, ne laisse pas ton père et ta tante seules dimanche midi. Apporte un plat de pâtes maison à ta voisine malade… tu n’as même pas une boîte de chocolat pour ton amoureux ce soir !
Et puis il y a moi, fatiguée et vulnérable qui fais de mon mieux et qui dois renoncer. Alors je demande de l’aide. Alors je revois à la baisse mes exigences. Alors, je serai dans l’instant et pas dans le regret de ne pouvoir faire mieux. Alors j’irai embrasser ma voisine ce week-end et là, maintenant, je vais juste dire à mon mari que je l’aime.
Elle n’est pas si loin la plage !